Drôle d'automne

20 novembre 2020
La Chaux-de-Fonds
Claire Bärtschi-Flohr

Témoignage sur la pandémie : la deuxième vague.

Sept mois ont passé depuis mon dernier témoignage.

Pendant l’été, nous avons eu un répit. Nous avons même pu, malgré des hésitations jusqu’au dernier moment avant le départ, nous offrir deux semaines en Gironde, dans un gîte que nous avions loué en janvier, avant l’arrivée du virus dans nos régions.

En septembre et octobre, l’épidémie est repartie de plus belle. Nous sommes un des pays les plus touchés.

Nous voici en novembre, sans pouvoir nous réjouir de l’approche de Noël. Nous ne pourrons probablement pas nous réunir en famille cette année. Et la situation sociale de beaucoup de gens est catastrophique. Les hôpitaux sont à nouveau surchargés.

Au début de ce mois, j’ai décidé de m’auto-confiner.

Je ne me plains pas, je m’en voudrais de me plaindre. Ma situation matérielle est bonne. Je fais de belles promenades au soleil, et quand il pleut, je pédale sur mon vélo d’appartement. J’aime lire, j’aime écrire, j’ai à portée de main une ou deux sources infinies de renseignements et d’ouverture sur le monde : mon ordinateur portable, mon téléphone… Je suis en train de visionner, par exemple, trois émissions passionnantes sur Arte : L’Odyssée de l’Ecriture.

J’ai de nombreux intérêts comme la mise au point de mon arbre généalogique qui me permet d’entrer en relation avec des gens que je ne connaissais pas et de réfléchir et d’essayer d’imaginer la vie des gens d’autrefois. Je publie sur la plate-forme notrehistoire.ch sur laquelle je peux présenter mes souvenirs et m’exprimer. Là aussi, cela me met en relation avec des gens intéressants. Une fois par semaine, véritable bouffée d’air frais, j’échange en anglais avec Caroline, ma professeur, qui vit dans un petit village près d’Oxford, des tas d’idées, d’informations, et chaque semaine, nous étudions divers podcast. En ce moment, nous lisons et disséquons Emma, le roman de Jane Austen.

Non, il n’y a pas de quoi se plaindre donc…

Dans le journal de ma grand-mère daté de décembre 1943, je peux lire :

« Voilà notre cinquième Noël de guerre !!! »

Pourtant à Genève, où elle vivait, ils étaient moins malheureux que dans d’autres pays. Mais la situation était extrêmement anxiogène, comme on dit aujourd’hui. Personne ne savait quand cette horrible guerre prendrait fin. Et le charbon, le pain, le lait, les œufs, et tant d’autres choses, tout était rationné...

Revenons en 2020. C’est à nous, les plus vulnérables de s’auto-discipliner, de se mettre en auto-confinement. Il faut laisser les jeunes et la société continuer à fonctionner le mieux possible.

Mais ce qui me manque, ce sont les contacts avec mes enfants et petits-enfants, toujours réduits au minimum, - je ne parle même pas de l’absence de câlins - l’impossibilité de voyager, d’aller au restaurant, au cinéma, de ne plus pouvoir inviter sa famille pour un simple repas…. Ah, une bonne fondue tous ensemble… Impossible. C’est aussi se demander chaque jour si le fait d’aller chez le coiffeur, ou chez le dentiste ou monter dans le bus comporte un risque d’infection….

On parle d’un vaccin, mais quand sera-t-il efficace et utilisable sans arrière pensée ? Il est bien difficile de se projeter dans l’avenir.

(la photo de couverture a été prise à Mauborget le 22 novembre 2020)

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Claire Bärtschi-Flohr
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30 novembre 2020
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