Pierre des morts
Pierre des morts
Sur le chemin des Virès montant de Chelin à Lens se trouve une pierre plate qui permettait autrefois aux porteurs des morts de se reposer avant de continuer leur périple vers le cimetière.
En effet, avant la construction de la route actuelle menant de Granges à Lens (débutée en 1894 et dont le pont de Napoléon de Granges porte la date de 1899), le seul moyen de se rendre au village depuis les maisons du coteau était d'emprunter ce chemin serpentant dans la forêt. Il fallait donc porter, à dos d'hommes, le lourd cercueil et son défunt pour l'amener jusqu'à l'église de Lens. Deux croix sont gravées sur la pierre, rappelant certainement la fonction de celle-ci.
Charles-Ferdinand Ramuz, qui a habité durant des années à Lens, nous parle de cette pierre dans un de ces textes: "Là, au bord du chemin, il y a la pierre des morts. C'est une grande dalle posée à plat qui a justement la longueur d'un homme et que la nature semble avoir mise à cette place tout exprès. Le cercueil est lourd parce qu'il y a un homme dedans. C'est quand ils montent quelqu'un qui est mort 'dans les bas', et il faut bien qu'on le ramène à sa paroisse où l'église l'attend, et la cloche dans le clocher. Les porteurs n'en peuvent plus. Alors la coutume veut qu'à cette place ils se reposent, se déchargent de leur fardeau."
Cher monsieur Maxime Emery, en voyant votre prise de vue, il est évident de constater qu'a présent c'est la pierre qui se repose de son passé et qu'elle laisse encore tout juste une petite place assise au passant fatigué...
Eh oui, et c'est certainement un repos bien mérité après avoir accompli avec assiduité la tâche qui lui avait été confiée!