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Démolition du dépôt des locomotives à la gare de Lausanne Repérage

16 février 2016
Place de la Gare, 1003 Lausanne
Sylvie Bazzanella
Sylvie Bazzanella

Une page d'histoire se tourne à Lausanne.
Malgré sa note 2 au recensement architectural, la halle aux locomotives centenaire n'est bientôt plus qu'un souvenir. Les machines de chantier ont commencé leur oeuvre mardi 16 février. La halle CFF laissera la place au nouveau Musée cantonal des beaux-arts.
Le Pôle muséal rassemblera à terme (2020) trois musées dont celui des Beaux-Arts ainsi que le musée de l'Elysée (photographie), et le MUDAC - musée de design et d'arts appliqués.

Le dépôt lausannois des locomotives qui a cessé son activité en 2011, était le deuxième en importance du réseau CFF. En 2009, une quarantaine d'ouvriers produisaient encore 50'000 heures de travaux d'entretien. Ils furent jusqu'à cent vingt dans ce grand port ferroviaire bâti en 1911 pour la première halle, en 1964 (avant l'Expo nationale) pour la seconde, dans le prolongement de l'autre.

Le Bulletin technique de la Suisse romande, publie le 10 août 1911 un article de l'ingénieur P. Schenk, dont voici un extrait :«Le nouveau dépôt, long de 132,65 m de longueur de façade, comprend donc deux corps de remise rectangulaire de 41,30 m x 43,50m , à 8 voies, logeant 16 locomotives chacun, avec un chariot transbordeur électrique de 130 tonnes au milieu; à l'ouest, une annexe pour atelier, huilerie, magasin, réfectoire, dortoirs, bains, etc. Chaque remise possède une cheminée en briques de 35 m de hauteur, dépassant ainsi de 2 m les plus hautes maisons voisines; un jet d'eau de Bret y est installé pour le filtrage des fumées, les hottes et carneaux ont été installés par l'inventeur lui-même. Cette installation Fabel constitue la caractéristique principale de la construction, et l'on peut dire aussi qu'elle est une innovation en Suisse puisque la pareille, avec injection d'eau, n'existe qu'en Allemagne. La toiture est toute en bois; le fer en a été exclu à cause de l'oxydation par les gaz, et le béton armé à cause de son prix plus élevé.»
Article dans son intégralité :

http://dx.doi.org/10.5169/seals-28861 p.160-162, p. 169-173
retro.seals.ch (ETH-Bibliothek),

18 février 2016

22 février

22 février. Vue sur les façades Sud des halles de 1911 longeant les voies ferrées avec la grande verrière qui sera intégrée dans le le projet Pôle Muséal.

La plateforme tournante qui servait aux locomotives à effectuer le virage.

Vue plongeante sur la plateforme tournante située devant les hangars CFF. Au deuxième plan à gauche, l'immeuble de l'assurance CSS (construit en 1963) surplombant les rails. Il abrite le poste directeur situé dans une vigie.

Face Nord du bâtiment, côté avenue Ruchonnet. Des ouvriers sont occupés au démontage de matériaux contenant de l'amiante.


La verrière Nord du grand hall.

Gros plan sur une des baies vitrées Sud.
En arrière plan on aperçoit une pince hydraulique.

Juillet 2013. Intérieur de la halle de 1911.

De grands espaces lumineux aujourd'hui vidés de leur sens.

Ce site a son histoire; le quotidien des hommes à la tâche pénible, le bruit des machines, la poussière, la chaleur, les odeurs aussi.

Souvenons nous :

La nuit des locomotives

Toute la nuit, des locomotives, des « loc » comme disent les cheminots, rentrent au dépôt. Acheminées sur leur voie de garage par un chariot, elles sont graissées et remises en état pour être prêtes au départ à l'aube du jour suivant.

Dans la vaste halle où battent doucement les tachymètres, les locomotives reposent au-dessus des fosses comme de grosses baleines somnolentes. A leurs côtés, sur la pierre, gisent les frêles carcasses des pentomètres, sans lesquels les « loc » ne sont plus que des corps privés de mouvement. Et des flancs des machines se détachent les silhouettes minuscules des hommes qui manient toute la nuit la burette à huile et la pompe à graissage.

Tout près, dans le petit bâtiment où on lave les locomotives, une scène mythologique s'esquisse au travers de la buée brûlante. De la fosse profonde où se lovent de formidables projecteurs, un homme, - scaphandrier en ciré et hautes bottes de cuir, - dirige contre le ventre de la machine, le faisceau brillant d'un jet à 80 degrés. Sous la gifle brutale de l'eau bouillante, la terre et la boue se pulvérisent, que la locomotive ramène de ses voyages, collées aux entrailles. Demain, elle étincellera, prête de nouveau à cingler, dans la tempête de ses moteurs, vers les libres espaces où le vent tourne autour de ses flancs noirs.

Article signé Colette Muret, Gazette de Lausanne, 7 décembre 1950.

Sources : Journal 24 Heures, 27 décembre 2009.

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