Allô, ici l’hôtel Bellevue

2 septembre 2024
Charly Arbellay
Charly Arbellay

Le pionnier Michel Zufferey

Michel Zufferey, pionnier de l'hôtellerie, retourne à Sierre en 1884, riche de sa fortune acquise à Londres dans le commerce des antiquités. Il acquiert le château de la Cour, érigé en 1658 par Jean-François de Courten. Il le métamorphose en un hôtel de prestige, et pour séduire une clientèle aisée, principalement britannique, il équipe l'établissement de tout le confort moderne.

Pierre-Marie Epiney
Publicité de 1906
Publicité de 1906

Dans la maison d’Etienne de Courten, située en bordure de la route royale, il ouvre un bureau de poste, télégraphe et téléphone. L’hôtel Château Bellevue aura fièrement le no 1.

Pierre-Marie Epiney
Maison d'Etienne
Maison d'Etienne

Cette photographie de Frido Pont remonte à 1966. Elle montre en premier plan la demeure d'Étienne de Courten, qui abritait la Poste au rez-de-chaussée et le central téléphonique au premier étage. Plus tard, cet édifice a été converti en poste de police municipale pour la ville de Sierre.

En 1895, l'administrateur du bureau postal était Joseph Lagger. Dès 1896, au premier étage, Michel Zufferey a confié le télégraphe à une parente, Marie-Louise Epiney, qui devint la première télégraphiste de Sierre. Elle suivit les cours de morse à Sion, à l'instar de ses contemporaines télégraphistes. Par la suite, Mademoiselle Epiney fut formée à la téléphonie manuelle.

Pierre-Marie Epiney
Isolateurs sur le toit de l'Hôtel Château Bellevue, 1905
Isolateurs sur le toit de l'Hôtel Château Bellevue, 1905

Sur cette carte postale de l’Hôtel Château Bellevue datée de 1905, on remarque à gauche, près de la tourelle, un potelet surmonté d’isolateurs où étaient accrochés les fils aériens du téléphone.

Du Bellevue au Terminus

Les bureaux de poste et de téléphone étaient situés au Bellevue jusqu'en 1917, année où ils ont été transférés au rez-de-chaussée de l'Hôtel Terminus, géré par Louis Oggier. Sa fille, Germaine Jaccard-Oggier (1920-2020), qui est l'auteure d'un ouvrage nommé "Mes chemins de mémoire", nous fournit des détails captivants : "De 1917 à 1933, la poste disposait de locaux au rez-de-chaussée ainsi que d'une partie du jardin. Un central téléphonique manuel était installé au premier étage, où se trouvait également l'appartement du responsable, M. Penon, et de sa famille." Il est important de noter qu'entre-temps, en 1920, la Confédération a établi sa propre régie des postes, téléphones et télégraphes, abrégée P.T.T., un terme qui restera en usage pendant 77 ans, jusqu'en 1997.

Pierre-Marie Epiney
La Poste à rez-de-chaussée de l’hôtel Terminus
La Poste à rez-de-chaussée de l’hôtel Terminus

Près de la gare

Depuis 1932, les deux grandes régies fédérales PTT et CFF, en collaboration avec la société Sierre-Montana-Vermala (SMV), ont joint leurs forces pour ériger un bâtiment près de la gare. Confiant le projet à l'architecte Karl Zöllig, ils ont construit un édifice suffisamment élevé pour accueillir la Poste, le central téléphonique et plusieurs logements de fonction. De cette façon, les charrettes transportant le courrier postal n'avaient qu'un trajet de 50 mètres à effectuer, se faufilant entre les cars postaux d'Anniviers, de Vercorin et de Crans-Montana. À partir de 1956, les centraux téléphoniques manuels cèdent la place à l'automatisation.

Divorce

Le 1er octobre 1997 marque la transformation de Telecom PTT, majoritairement possédée par la Confédération, en Swisscom. L'entreprise est alors divisée en deux entités séparées, et La Poste devient indépendante. À Sierre, des indices préfiguraient cette séparation : le central téléphonique, saturé avec ses 5500 abonnés, avait atteint ses limites. En 1974, il fut décidé de construire un nouveau central à la Place Beaulieu, adjacent à la Banque Cantonale, suivi d'une arcade commerciale près de la Migros. La Poste, quant à elle, emboîte le pas : entre 1995 et 1997, un nouveau bâtiment postal est érigé à l'ouest de la gare, conçu par l'architecte Eric Papon et ses partenaires.

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  • Charly-G. Arbellay

    Note: par la suite, la télégraphiste Marie-Louise Epiney s'est mariée et portait le patronyme Marie-Louise Gillioz-Epiney, précision utile de futures recherches.