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Georges Golaz                se met à table.

GEORGES GOLAZ

Vous pouvez retrouver Georges dans la galerie notrehistoire.ch/galleries/cro...

En ce début janvier 2022, nous nous trouvons chez Georges Golaz, 92 ans, avec Jacques Benoit. Nous sommes invités chez lui pour prendre note de ses souvenirs du village. Il habite La Cave aux Fées 2, à Romainmôtier.

Parmi ses souvenirs, il raconte son expérience en Suisse allemande. Dans le canton de Berne, à Gonolfingen, il était plongeur à la cuisine. Il allait aussi chercher les voyageurs au train avec deux chiens et une charrette. Puis il fut aide-facteur en montagne où il faisait tout à pieds. Il a de très bon souvenir de cette époque en y trouvant de braves gens.

Son père faisait partie des "dix-huit" ! Il avait en effet dix-sept frères et soeurs. De ses souvenirs d'enfance, il se souvient de ses parties de "gnus" avec les copains, de ses jeux dans la forêt à construire des cabanes, à jouer aux Indiens. Ils se faisaient la guerre avec ceux de Bofflens. En hiver, ils descendaient les rues avec des luges et des boucans, sortes de luges primitives aux côtés formés de planches découpées. A l'époque, pas de ballons, pas de foot.

Les enfants étaient là pour aider les paysans : nettoyer les poules, les lapins, porter le bois. Son père n'avait pas voulu qu'il en soit; il avait peur qu'il use par trop ses souliers en le faisant. Les enfants étaient surtout des ouvriers agricoles. Ils allaient aussi ramasser les pommes ou les poires pour le pressoir. Souvent, ils allaient aux "carcailles" (hannetons) ou aux escargots. Son père en faisait le commerce qu'il livrait aux Tavins, en France voisine. Jacques Benoit se souvient de lui en avoir récolté pour 20 centimes, puis 30 puis pour un franc le kilo. Il fallait environ 30 escargots pour un kilo qu'on calibrait à travers une jauge pour qu'ils soient assez gros. Gorges en avait plein la cave qui attendaient leur dernier voyage.

A l'école, ils étaient une trentaine par classe. En haut, il y avait la salle de couture pour les filles. Ils devaient monter le bois pour le chauffage en hiver. C'était un jour attendu pour ne pas faire l'école. A l'époque, les méthodes n'avaient pas grand chose de pédagogique. Le régent y allait de la manière forte. Il avait une réserve de baguettes destinées autant aux tables des élèves qu'aux élèves eux-mêmes. Ces derniers profitaient d'ailleurs pour les lui cacher ou les lui casser. Pendant la montée du bois au galetas, ils étaient deux par voyage. Ils faisaient une cheminée au milieu de la corbeille pour alléger la montée et pour faire durer le plaisir. Ils allaient au catéchisme deux fois par semaine à Romainmôtier, de onze heures à midi.

Le village avait un autre aspect : pas de goudron. Les rues furent bitumées en 1947. On entendait le forgeron, le charron et le maréchal-ferrant. Il y avait deux moulins, trois scieries, un battoir et des pressoirs qui travaillaient à la force de l'eau. Il y avait aussi un atelier de taille de pierres fines à Romainmôtier. Le charretier venait faire les gros travaux et les transports à la force de ses chevaux. Les femmes se rendaient aux lavoirs le long du Nozon en tirant leur petit char rempli de linge à lessiver. Il n'y avait pas encore de bûcherons, chacun faisait son bois. Georges se souvient de sa première tronçonneuse, la première du village. Avant, on abattait les arbres à l'aide d'une "gouine", petite scie à main. On imagine le travail.

Dans le village, il y avait aussi le four communal, la laiterie, la poste et trois magasins. En 1942, la poste était au chalet qui est près de la gare, rue de la Riette. Les premiers téléphones se trouvaient à la laiterie et à la poste. Plus tard, le premier poste de TV se trouva chez Michel Paltani qui eut aussi la première voiture.

On trouvait trois bistrots au village, le National, le café du Jura et l'hôtel de la Gare qui avait un jeu de quilles. On accouchait souvent à la maison. Les communes louaient les services d'un docteur. Le docteur Masson avait des skis en-dessus de sa voiture en hiver pour monter dans les fermes isolées vers Vaulion. Avant le docteur Cornuz, il y eut le docteur Cunier.

Les fêtes et loisirs n'étaient pas nombreux.

Croy était un centre d'activités. On y voyait la glace arriver de la Vallée pour être acheminée par le train. Elle fondait dans le trajet et les routes en étaient détrempées. Il y avait une halle à la gare où les marchandises attendaient les wagons. Tous les jours, un wagon arrivait pour livrer et reprendre les commandes. Il y avait une grue pour charger les vaches vendues au marché.

Comme événement, il faut citer le cyclone de 1969. On voyait les branches voler dans les airs. Une caravane du camping fut retrouvée dans le Nozon, et encore une sur un arbre en bas du camping. Les vaches gueulaient toutes une heure avant. Il y avait eu un autre cyclone en 1932 qui s'était arrêté à Croy.

Voici donc quelques souvenirs qui nous rappellent un peu ce dont était fait le village. Dommage qu’on n’ait pas plus de photos, l’évocation de tant de détails nous laisse un peu frustré(e)s de ne pouvoir que les imaginer.

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  • Renata Roveretto

    Cher monsieur Serge Goy, merci infiniment à vous et a monsieur Georges Golaz pour ce très vivant et touchant récit. Preuve d'une excellente mémoire, laquelle re-stimulent certainement celle de bien d'autres personnes, et d'ailleurs aussi un peu la mienne... C'est un vrai plaisir de plonger dans le passé avec Vous ! Amicalement Renata

Serge Goy
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14 mars 2022
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