Petite histoire des combats de reines de la Foire du Valais

14 juillet 2020
Martigny
Jean-Yves Gabbud

Par Jean-Yves Gabbud

Le combat de reines de la Foire du Valais est considéré comme le deuxième en importance après la finale nationale. Et pourtant, cet événement n’est qu’un des combats permettant aux vaches de la race d’Hérens de se qualifier pour participer à la finale de l’année suivante.

Un combat particulier

Le caractère particulier du combat de la Foire est souligné par le fait qu’il est le seul, avec la finale, à pouvoir mettre sur pied une finale des finales, une possibilité que le règlement n’accorde pas aux autres combats. Les reines de chacune des quatre catégories s’affrontent en duel. Celle qui l’emporte est reine des reines. Cet aspect donne sans doute une aura particulière à ce combat, puisqu’il a une, et une seule, reine, alors que les autres combats qualificatifs n’ont «que» des reines de catégorie.

Le combat de la Foire a lieu l’automne. Il accueille souvent des reines d’alpage ou des bêtes qui se sont illustrées durant l’été.

Les différentes protagonistes disposent, à cette période de l’année, d’une bonne condition physique après avoir parcouru les alpages durant tout l’été.

Les participantes à cet événement sont des vaches portantes. Elles sont à ce moment de l’année à quelques semaines ou mois de la mise bas. Cette situation leur donne, sans doute, un regain de combattivité.

Les débuts d'une tradition

Le premier combat organisé dans le cadre du Comptoir de Martigny (qui existe depuis 1959), par le syndicat d’élevage de Ravoire, a lieu en 1965. Il sera ensuite annuel, comme le Comptoir.

Il faudra attendre 1991 pour que cet événement se déroule dans le cadre de l'amphithéâtre romain d'Octodure, qui venait d’être restauré.

L’année suivante, le Comptoir change de nom et devient la Foire du Valais. Le combat de reines qui lui est associé suit ce changement.

La TSR est venue, mais...

Avant que la Télévision suisse romande ne diffuse en direct la finale cantonale, dès 1998, elle avait prévu de venir suivre le combat de la Foire de 1997. Tout était prêt… mais les conditions météorologiques ont obligé les organisateurs de reporter le match d’une semaine. La TSR n’a pas pu couvrir l’événement et a porté son dévolu sur la finale. Elle y restera les années suivantes.

Une période difficile

L’amphithéâtre romain offre 3500 places. Des gradins provisoires ont été mis en place pour porter cette capacité à 5500 places. Cette construction annuelle est très coûteuse: 25 000 francs.

Lorsque le nombre de spectateurs commence à diminuer, les organisateurs abandonnent ces gradins. Les difficultés de parcage, la concurrence avec la Foire elle-même, font que l’événement perd une partie de son attrait pour le public. En 2018, il n’y a plus que 2000 entrées payantes enregistrées.

Pour les organisateurs, la mise sur pied de cet événement devient difficile, pour des questions de coûts.

Pour y faire face, au lieu d’organiser le combat chacun leur tour, les syndicats d’élevage de la région de Martigny (Isérables, Fully, Martigny, Vallée du Trient et Champex d’Allesse) unissent leur force en 2013. Ils le feront durant cinq ans.

En 2017, pour la première fois, le combat de la Foire du Valais n’est pas organisé par un syndicat d’élevage du giron martignerain, mais par le syndicat nendard de la Printse. Dans le même temps, une des catégories, celle réunissant les génisses, les plus jeunes bêtes, est mise sur pied au Châble, dans le cadre de «Bagnes, capitale de la raclette» et plus à Martigny.

Les mythes de l’arène

Une vache qui emporte le titre de reine du Comptoir ou reine de la Foire du Valais devient du même coup une vedette dans le monde de la race d’Hérens. Certaines d’entre elles ont marqué l’histoire de manière un peu plus particulière encore.

En 1976, Carnot de Robert Roduit est sacrée reine du Comptoir pour la deuxième année consécutive. Il faudra attendre 2019, pour que cet exploit soit renouvelé, par Nairobi de Jean-Baptiste Pralong d’Orsières, une bête luttant en troisième catégorie, celle qui réunit les vaches les plus légères.

En 1995, c’est Souris de Marie-José Jacquod, qui l’emporte. Sa gloire est encore à venir. L’année suivante, elle devient reine cantonale. C’est la seule vache qui a réussi ce doublé : Foire et finale. Souris rentrera ensuite dans l’histoire en étant sacrée trois années consécutives reine cantonale.

En 1999, c’est une primipare (une jeune vache n’ayant mis bas qu’un seul veau), Tigresse de Bernard Volluz qui est sacrée reine de la Foire du Valais.

En 2016, la reine de la Foire du Valais est Pouky des frères Bétrisey de Saint-Léonard (c’est elle qui est en photo sur la couverture de la galerie consacrée à la race d’Hérens). Ce jour-là, son poids est de 907 kilos. Jamais dans l’histoire de la race d’Hérens une reine de combat n’a été aussi lourde.

A lire aussi: l'histoire de la race d'Hérens

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