La Tour de Goubing
A la sortie de Sierre, en direction de Brigue, cet édifice cité pour une des premières fois en 1297, se dresse sur un promontoire rocheux, non loin du lac de Géronde. Par sa position stratégique, elle faisait probablement partie d'un système de défense militaire.
C'est un donjon quadrangulaire à trois étages sur rez-de-chaussée, avec une tourelle carrée au sud qui abrite l'escalier. Sa construction par l'évêque de Sion, date probablement de 1196 et se nommée Gubyn. Elle fut inféodée à des familles féodales de la région dont en particulier les Sires de la Tour, une famille très puissante à l'époque qui était en charge d'administrer les biens des compte de Savoie et de l'évêque de Sion.
Vers la fin du 13ème siècle, par alliance, elle passa des de la Tour de Granges aux Albi dont Isabelle d'Albi, dame de la Bâtie. En 1381, Perrod de la Bâtie reconnaît qu'il est propriétaire de Goubing. L'une de ses filles, Perrette de la Bâtie épousa Jean de Chevron. C'est ainsi que la tour devint la propriété au début du XVème siècle, de la famille de Chevron.
Par alliance, Barbe de Chevron épousa Petermann de Platea*. Vers 1650, Christine de Platea, épousa Jean-Etienne de Montheys, châtelain de Sion. Une de ses quatre petites-filles, Marie-Catherine épousa en 1725, Elie de Courten, châtelain de la Vidamie de Sierre. C'est ainsi que la tour de Goubing devint la propriété de la branche cadette des de Courten jusqu'en 1874, date du décès de la femme de Joseph-Elie-Marie de Courten, Marie Schiner.
Comme ils n'avaient pas d'enfants, Goubing devient la propriété du frère de Marie, Antoine, allié à la famille de Sépibus qui le cédera à son beau-frère Gaspard de Sépibus.
En 1888, Charles de Rivaz, petit-fils de Gaspard vend Goubing. Elle fut rachetée pour 15 000 frs par Emile Mercier, consul suisse à Hambourg.
Pierre de Rahm, petit-fils de Emile Mercier par sa mère, hérita de la demeure en 1929, il décédera le 28 mars 1960 d'une chute de cheval. Âgé de 66 ans, domicilié à St-Sulpice, il était marié et père de plusieurs enfants. La tour appartient toujours à la famille de Rahm.
Photo de Michel Savioz
A ce propos, la famille de Rham occupait déjà la tour en 1921 quand Rilke venant à Sierre depuis Genève, était à la recherche d'un lieu tranquille pour terminer son oeuvre maîtresse: les "Elégies de Duino", commencé en 1912. Il choisira alors le château de Muzot, pour quelques mois d'abord mais il y séjournera jusqu'à la fin de sa vie en 1926.
Remerciement à M. Louis-Fred Tonossi, historien à Venthône, pour la mise à disposition de documents
Sources*:*
- Archives numériques des journaux valaisans
- Médiathèque du Valais: Promenade sierroise de Eugène de Courten
- le Blog de Jean-Marc Theytaz
* Remarquons que la famille Platea, originaire de Viège, possédaient les châteaux d'Anchette à Venthône et de Villa à Sierre.
Beau travail sur cette complexe généalogie des propriétaires de la Tour de Goubing, qui met bien en lumière le rôle joué par la femme, épouse, mère, fille et montre que le moteur des passages de pouvoir n'est pas réservé qu'au genre masculin ! Merci !
Excellente documentation. Merci Albin.
voir aussi ce document : notrehistoire.ch/entries/lyYnl...