Une exposition nommée "Losanna, Svizzera" s’est ouverte au public mercredi 18 août au Musée Historique de Lausanne (MHL). L'exposition revient sur 150 ans d'histoire de la présence italienne dans la capitale vaudoise, s’appuyant sur des témoignages audio, vidéo et écrit de nombreux Vaudois d’origine italienne. Elle est à voir jusqu'au 9 janvier 2022. Une galerie sur "L'Italianità" vient d'être mise en ligne sur notreHistoire.ch, vous pouvez la découvrir sur ce lien, vous pouvez y participer si vous possédez des documents liés à l'immigration italienne en Suisse.
Tunnels et ponts
« Si les ponts et les maisons suisses pouvaient parler, ils le feraient en italien », cette phrase d’un retraité italien explique bien l’importance qu’ont eu les Italiens venus « construire » la Suisse à la fin du 19e siècle. Tunnels transalpins et immobilier urbain, les Italiens ont joué un grand rôle pour faire évoluer « l'italianità » de nos vies à travers la cuisine, le cinéma, les expressions linguistiques, le football ou l’art.
Des millions d'Italien-ne-s
"Losanna, Svizzera - 150 ans d'immigration italienne à Lausanne" est un hommage à tous ceux qui ont contribué à l’exceptionnelle richesse économique et culturelle de la Suisse et de villes comme Lausanne. Longtemps pays d’émigration en raison d’une pauvreté endémique, la Suisse voit son solde migratoire s’inverser dès le début du 20e siècle. Dès 1946, la croissance requiert une main-d’œuvre considérable dans les secteurs de la construction, de l’hôtellerie-restauration, du commerce et de l’industrie. En un quart de siècle, jusqu’à la crise de 1973, des millions d’Italien·ne·s contribuent au succès suisse. Confronté·e·s à la xénophobie d’une partie de la population, endurant les sévères conditions d’existence que leur impose le statut de saisonnier, les immigré-e-s italiens vont laisser des traces d’une importance majeure.
Un tunnel vers une vie suisse
C'est le percement des tunnels qui a attiré les Italiens du Nord (Piémont et Lombardie) en Suisse à la fin du 19e siècle. A Lausanne, la modernité a aussi besoin de ces bras transalpins pour dessiner le nouveau visage de la ville, ses routes et ses ponts. L'exposition débute sur ce prélude historique et premier moment de l'immigration italienne avant de poursuivre avec le boom économique des Trente Glorieuses, qui attire des ouvriers du Mezzogiorno. Il s'agit alors de construire les autoroutes, écoles, universités et hôpitaux et de fournir la main-d'œuvre.
Installation durable à Lausanne
De 1946 jusqu'à la crise de 1973, des millions d'Italiens ont contribué à la prospérité et la modernité de la Suisse. Quittant leur statut de saisonniers, les immigrés italiens s'installent durablement dans la région. Ils organisent leur nouvelle vie à travers la création d'un vaste réseau d'associations culturelles, militaires, sportives, religieuses, politiques ou régionales. Ce volet-là est particulièrement bien documenté et présenté dans l'exposition.
Malgré leurs difficiles conditions d'existence et la xénophobie d'une partie de la population, ces immigrés italiens vont pour autant laisser des traces d'une importance majeure à Lausanne. Le Musée Historique de Lausanne s'emploie d'ailleurs à éclairer cette empreinte dans une section de l'exposition dédiée à "l'italianità".
Une réplique d'épicerie
"L'italianità" va se répandre et s'imprimer durablement dans toutes les couches de la société. Que l'on pense à l'espresso bien serré du matin, à l'opéra ou à la passion pour le ballon rond. Au centre de l'espace d'exposition, la réplique d'une épicerie italienne rappelle aux visiteurs tout ce que la gastronomie actuelle doit à nos voisins transalpins.
Un vaste programme d'événements est également organisé autour de l’exposition : conférences, rencontres, projections ou visites guidées. Un livre avec des photographies a aussi été publié sur le sujet, recueillant une vingtaine de témoignages d'immigrés italiens de la première et de la seconde génération.
"Dis voir", l'appli
Les Romands batoillent, mais de Sierre à Saignelégier leur accent varie. Le chercheur Mathieu Avanzi lance une application mobile pour étudier la diversité du parler romand. Le projet « Dis voir » invite les utilisateurs à enregistrer leur voix sur leur smartphone, à deviner des mots typiquement romands, et à tester leurs connaissances des accents régionaux.