Plan des propriétés de la Bourgeoisie morgienne à la Vallée de Joux en  1737

Plan des propriétés de la Bourgeoisie morgienne à la Vallée de Joux en  1737

1737
Claude Bornand Lausanne
Ville de Morges

Les propriétés morgiennes de la Vallée de Joux datent de l'époque bernoise, les 2 premières à l'occident du Brassus , de part et d'autre de l'Orbe, l'une vendue par la commune du Chenit en 1563, l'autre en provenance de celle de Burtigny , en 1588. Ce sont l'alpage du Carroz, celui de Praz Rodet et celui de la Burtignière dont s'est occupé, de 1934 à 1965, Pierre Auguste Chappuis, Municipal des Domaines et qui sont encore propriété de la commune.

A la fin du XVIe s., Morges se trouvait à la tête d'un patrimoine foncier à la Vallée de Joux de presque dix fois plus vaste que son territoire communal ! Ce document daté de 1737 porte le nom de plan régulier et géométrique des Montagnes de Praz Roudet et la Burtignière appartenantes aux Nobles et Vertueux Seigneurs, Banderet, Conseils et Bourgeois de la Ville de Morges. Régulier indique ici que le plan a été établi selon une échelle, et géométrique renvoie au travail du géomètre qui effectue un arpentage en fonction d'un bornage, qui donne le résultat de 1200 poses de 400 toises; la pose petite de 400 toises carrées, fait 40'000 pieds carrés, ce qui équivaut à 3716 mètres carrés.

Sur ce plan, je repère l'indication O pour la source soufrée à proximité de la Burtignière

Au Nord du lit sinueux de l'Orbe, un chemin passant par Praz Rodet porte le nom de Grand chemin de la Vallée en Bourgogne.

Qui sont-ils, ces beaux Seigneurs ? Contrairement aux simples citoyens, les Bourgeois, qui doivent au souverain le service militaire, jouissent d'avantages certains, exemption de douane, franchise de contribution, exclusivité sur le marché, droit de préemption sur certaines charges achetées à ferme. Ils avaient le droit de disposer en toute exclusivité du parc public pour y faire paître leurs chevaux, le droit de chasser sur les trois terres des Seigneureries d'Aclens, de Romanel et de Bremblens, le droit d'acquérir toute maison à vendre en ville. Dans ce groupe de Bourgeois, se recrutent les dirigeants de la communauté. C'est parmi eux qu'on rencontre le Banderet ou Banneret (Bannermeister), qui détient la clé du coffre où l'on garde l'argent public et la bannière de la ville, mais il est surtout le président du puissant Conseil des XII .

Dans le Baillage de Morges, le Bailli représentait l'autorité suprême de Berne, son représentant était le Châtelain ou Lieutenant baillival. L'autorité locale étaient entre les mains de la Bourgeoisie et de quelques familles qui se réservaient le pouvoir et des revenus. Elles siégeaient dans l'un des deux conseils, le Petit celui des XII (nommé à vie) et et le Grand, celui des XXIV.

Concernant la gestion des propriétés de la bourgeoisie morgienne à la Vallée de Joux, ce sont deux conseillers issus des 2 conseils qui en sont les gouverneurs, fonction qui correspond à celle, actuelle du Municipal des Domaines. Ils engagent un fromager qui transformera le lait des vaches qu'on a envoyées alper à la bonne saison. Outre ce fromage, les bourgeois de Morges peuvent espérer retirer quelques sacs de charbon en amodiant la forêt à un charbonnier. Les montagnes du Carroz, de Praz Rodet et de la Burtignière représentent alors une fortune publique très importante , leur amodiation constituant les premières recettes de la ville bien avant celles du vignoble.

(In Morges 7 siècles d'histoire vivante 1286-1986 Edité au Verseau relatée par Robert Curtat et Histoire animèe des Morgiens 1803-1970)

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